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Pensée verticale
7 février 2007

Borderline

 Aujourd'hui, considérant la nullité de ce début de campagne électorale, on va faire de la psycho-socio ! J'ai envie.


Parce que après le débat entre les français et Nicolas, il vaut mieux compter sur soi-même pour être plus intelligent demain qu'hier... Perso, j'ai craqué à la troisième ou quatrième question, quand on lui a demandé son avis sur le remboursement des lunettes. (une pique envers chirac?). Me suis dit, bon, Groland face à Napoléon, le résultat est couru d'avance. RAS.


Alors passons. Sujet du jour: les tarés dans le métro.


Sur les blogs, dans les couloirs du boulot ou de la fac, on a tous abordé la question des comportements borderlines d'individus étranges croisés dans le métro, la rue ou ailleurs. Source de conversations inépuisables, tant les exemples sont nombreux !


Alors bon, j'ai réflechit. Un peu. La question fort simple étant, pourquoi ces comportements (et peut-être aussi "pour quoi") ?


Limitons le sujet: il ne s'agit pas de s'interroger sur la folie ou la violence de personnes souffrant de pathologies relevant de la psychiatrie. Ceux là, à mon avis, souffrent d'un traumatisme précis, lié à une biographie spécifique et qu'il convient éventuellement d'identifier dans un but thérapeutique.


Non, il s'agit de comprendre "les folies douces" de certains, lesquelles ne sont à mon avis pas vraiment pathologiques mais qui trouvent leur cause dans une simple configuration psycho-sociologique problématique.


En gros, les fous sont-ce eux ou nous ?


Ensuite, je suppose que ces comportements « borderlines » sont en premier lieu lié à un contexte urbain. Je crois que si la folie pure existe dans un contexte rural (suicide, forcené retranché dans sa ferme, affaire de mœurs etc.), la pression sociale urbaine est la condition essentielle de ces comportements limites soft.


Pourquoi ?


Il y a, à mon humble avis issu de diverses conversations à droite comme à gauche (oui je suis d'une oecuménisme politique désarmant) deux phénomènes: la pression de conformité et l'indifférence sociale.


La pression de conformité : C'est disons ce qui nous pousse à être silencieux dans le métro (le premier qui parle trop fort dans son portable sera fusillé, du regard). Celle qui nous amène à faire mine d'attendre le bus quand on attend le bus ( faite un pas de danse, histoire de patienter et vous verrez la pression...).
Dans un contexte urbain, cette pression de conformité est considérable et annihile quasiment toute liberté. Je pense même qu'elle est à la limite du supportable pour la plupart des gens: la violence au volant l'illustre à mon avis. Sur la route, si tu n'es pas conforme, ce n'est plus mon confort que tu menaces, mais ma sécurité ! Salaud ! Pendez le !


(Pourtant , il est parfaitement possible de conduire sans jamais mettre de clignotant pour tourner... Pour l'avoir vécu dans une ville étrangère, ça marche aussi bien).


Il est donc impossible de crier, courir, chanter, sauter, .... comme ça pour rien. Pourtant on l'a tous fait. Les animaux le font. Quand on va balader son chien en forêt, la première chose qu'il fait c'est de courir comme un abruti de chien qu'il est... Il m'arrive d'avoir envie de le faire aussi. Mais moi je suis plus chat: j'adorerai grimper dans les arbres, sur le Champs... Comme ça. Parce que j'ai l'habitude en fait, j'ai grandi dans les champs... Evidemment, les impératifs de la vie en groupe l'interdisent.


Le comportement borderline qui découle de cette situation, on  l'a compris, est que, parfois, quelqu'un craque... Un comportement aberrant, parfois gênant pour les autres, drôle ou étrange. Ce sont les cadres, les employés modèles surtout qui éventuellement se lâchent; le cas typique, la "blonde-motorola-col fourrure" qui chante comme une malade dans sa Mini ... A faire d'être conforme, à un moment, c'est plus possible. Les mecs eux, ont la solution du sport; ils vont faire un squash avec les collègues en gueulant comme des tarés (Ca permet de régler la concurrence entre males du même coup). Où ils sont supporters du PSG...


L'autre source de comportement borderline est l'indifférence sociale.


En vacances chez ma grand-mère, un jour que je me baladais dans un champ, pour rien donc (non en fait j'avais repéré une tanière à renard que je voulais espionner à la jumelle), je croise le légitime et particulièrement fruste propriétaire du terrain:


- t'es qui toi !!!

- euh monsieur...en fait je suis alexis, le petit fils à mme truc (ma grand mère)...dis-je en me préparant à courir courageusement vers là d'où je venais.
- heing ? ah ouais...le gars de bidule (mon père) quoi ! ...ah ouais...d'accord...On se ballade alors ? On va voir les moineaux avec ton machin là (les jumelles)?

- oui monsieur...



Et il se casse...(les vaches, ça attend pas).

Pfiouuuu m'avait fait flipper ce vieux .......


Toujours est-il qu'en deux secondes, ce type que je ne connaissais pas, chez qui j'étais sans son autorisation et que j'avais jamais vu, m'avait reconnu. Pas physiquement. Disons biographiquement, historiquement. J'étais situé.


Revenons à Paris. Dans une journée, je croise combien de personnes ? 1000 , 2000 ... A aucun moment, par impossibilité, ce processus de reconnaissance sociale ne se déclenche. On pourrait à l'extrême aller jusqu'à dire qu'au court d'une journée, je vais subir 1000 à 2000 micro-traumatismes de dénégation ou d'indifférence. Microscopique, ils sont invisibles à la conscience...Et pourtant, ils sont là.


Remarquons qu'il ne s'agit pas là du manque de formes de politesse, auquel cas nous serions à nouveau dans la pression de conformité. Il ne s'agit pas du fait qu'on ne se dit pas bonjour à Paris... D'ailleurs, à la campagne on ne dit pas bonjour non plus : on dit "Monsieur" ou "Madame" et on hoche la tête... On reconnaît, on est respectueux mais pas moins fiers. Rien n'empêche de le dire en toisant l'ennemi !

En ville: rien. Impossibilité technique. Toujours est-il que à mon avis le besoin est là, et les micro frustrations s'accumulent, petit à petit, jusqu'au jour où...


Et bien jusqu'au jour ou en général, il ne se passe rien... Dans la mesure, où la pression sociale est forte, ce manque de reconnaissance sociale, cette solitude non pas affective mais " tribale", ne transparaît pas. Car, il y a des compensations: réussite professionnelle, familiale etc. Statuts sociaux qu'il convient de sécuriser par la conformité.


Mais qu'un accroc arrive dans les rouages de ces statuts et  la pression de conformité devient moins efficace dans le contrôle de l'individu. La faille s'ouvre...

Autres causes aux comportements borderline, mais mêmes effets.


La plupart du temps cela se fait de façon soft, sans violence par un irrespect des règles du dialogue et de la communication: faut parler ! donc on parle... A la première venue ! (Ce qui est chiant, c'est que si on répond, y en a pour trois plombes avant que la tempête intérieure se calme...).


Un jour un type demande l'heure à la blonde avec qui je traîne :

3 heures et quart qu'elle dit...

Non ! qu'il répond... Moi j'ai 22 !!!

euh bon, si vous voulez qu'elle dit à moitié en rigolant à moitié inquiète qu'on se foute de sa gueule...


Ben non! justement, lui il voulait pas qu'elle veuille ce qu'il voulait...merde alors ! Et de soupirer :


- si on peut même plus s'engueuler...Il se casse en ronchonnant que ça fait de mal à personne et tout ça...


Pauvre gars. Il avait rien trouvé d'autre que d'essayer de discuter l'heure...


Les comportements borderline sont passionnants. Ils nous parle de nous. Les types étranges, qui font la circulation, qui chantent ou courent au milieu de la rue nous font le spectacle !!! Faut regarder, c'est à nous qu'ils causent... (C'est bien pour cela qu'on a peur et qu'on fuit)


Je dis pas qu'il faut causer tout le temps: engueuler Sarkozy avec les poivrots du coin, ça va bien 5 minutes...Mais juste comprendre. Manifestement y a un truc qui déconne... C'est intéressant de savoir quoi, non ? et puis c'est prudent ... Faudrait pas que les micro-traumatismes deviennent grands.



Quand on descend une rivière en canoë, c'est pas con de descendre pour regarder l'embarcation dériver... Absurde mais pas con, dans l'idée. Histoire de se situer un peu.


(Quoi elle est débile ma métaphore ?).


Il y a plein de conséquences à ce genre de considérations :

le métro et les transports en commun sont-ils les lieux priviliégiés de ses comportements limites;

la drague directe dans le métro est-il le summum du plan drague, le plus difficile et le plus flatteur ?

question pour les sociologues: quelle est la taille idéal du groupe social pour qu'un individu soit heureux ... Un type que se posait la question un jour et qui savait de quoi il parlait me disait: entre 5 et 10 000. Le gros village quoi. Inquiétant non ?

dès lors, a ton d'autant plus besoin de Police/psy que la ville est grande pour contrôler les comportements limites ? Ou y a t il une autre solution ?


Tout ceci sera traité un autre jour. Ou pas.


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