Salope ou réalité ...
C'est étrange ce mot: salope.
Fille sale selon le dictionnaire. Je crois qu'à aucun moment ceux qui emploient
ce terme aujourd'hui n'ont à l'esprit cette question de saleté. De cette
définition, on n'apprend donc pas grand chose de l'intention de ceux qui
l'emploient. Si ceux là sont bêtement machistes, manifestement féministes
ou libidineusement flatteurs, le terme est d'abord l'illustration d'un fantasme
qui traverse l'esprit de ceux qui l'utilisent.
Les insultes, les vulgarités ou les mots crus ont ceci de particulier, en
général, qu'ils démontrent une perte de contact du locuteur, avec le réel ou
avec une forme minimale de rationalité. L'insulte est d'abord une image, un
fantasme et finalement un aveu d'impuissance ou pour le moins l'inaccessibilité.
J'ai horreur de ces gens, et de plus en plus, de ces filles, qui estiment cool
de vulgariser leur langage.
Non seulement, c'est moche, mais c'est surtout un indice du fait que votre
interlocuteur n'est pas vraiment là, en face de vous. Il est ailleurs et ne
vous parle pas. Ces filles qui mettent le mot salope à toute les sauces, ces
mômes qui vulgarisent leur langage au maximum sont des gens qui illustrent à
quel point notre monde et fantasmé et virtuel.
Faux, donc.
Le réel n'incite pas à la vulgarité. Surtout pas si on le voit de façon
poétique... Etre vulgaire, user de l'insulte (surtout au second degré) ce n'est
certainement pas faire preuve de sincérité, de clairvoyance et de franchise par
rapport aux choses et aux gens.
C'est tout le contraire: fantasmer, travestir et mentir.
Voilà ce qu'on fait tous les jours en "laissant-aller" notre langage.