Pathologie et société
La frime hein comme titre ?
Nan, mais c’est à cause de mon voisin qu’est psy(chiatre)...
Je lui demande, au delà des cas individuels, des accidents de parcours, des troubles graves et particuliers, est-ce que t’as des invariants, des similitudes entre patients ? est-ce que tes malades se ressemblent ?
Globalement "oui" qu’il me répond. Ah ! C’est intéressant ça.
Vous n’êtes qu’une bande de tarés, ça je le savais déjà, mais ça se confirme, vous êtes la même bande.
Il me raconte que en gros, chez les adolescents qui atterrissent dans son cabinet, il y a ce que moi j’appelle de l’immaturité, terme avec lequel il est plutôt d’accord. Attention, on est au stade de troubles de comportement avérés, que la société et les parents eux-mêmes considèrent comme inacceptables.
L’immaturité, donc.
Mais encore ?
Exemple (réel) : un père bouffé par son travail (ça l’arrange bien), une mère qui a toute latitude à la maison depuis toujours et un adolescent qui disons est en pleine crise de confiance en soi (je n’ai pas les détails, le cas est réel). Rapidement, le psy s’aperçoit que la mère s’occupe de son garçon énormément, et de plus, exactement de la même façon depuis 15 ans. En gros, comme quand il avait 6 mois... Souci...
Donc, pour le psy, le problème c’est la mère, et son angoisse: le développement sans failles de son fils. Ce qu’elle va donc complètement foirer en le traitant comme un enfant irresponsable, étant seule capable de définir les exigences de la vie sociale et économique qui sont tellement importantes que quasiment impossible à atteindre. Donc, il est dans un piètre état le môme…
Cet exemple est tellement caricatural… L’économie fait nos fous.
En quoi ? La performance, l’efficacité et la concurrence ont un ennemi : le temps. C’est amusant de voir par exemple que la crise financière est l’illustration parfaite du fait que la déconnexion entre la temporalité de l’économie réelle et celle des marchés a crée ce qui ce présente de plus en plus comme une catastrophe économique. Comme dit Marianne, « et si tout le système était une escroquerie ? »
Notre monde et nos mentalités économiques nient le temps. Il faut faire ses courses. Le terme est quand même drôle.
Vite donc.
Faire du fric, mais en plus vite, parce qu’on a pas le temps.
Cette logique se retrouve au fond des processus mentaux des individus. Notre folie la plus choquante est l’inceste et la pédophilie, ce que j’appellerai les maladies sexuelles du temps. Dans le cas pré-cité, il n’y a pas de confusion des rôles sexuels entre la mère et son fils, mais la tendance est là... Oublier la croissance sexuelle de l’enfant qui devient homme, refuser la séparation que le temps impose, c’est quasiment de l’ordre du criminel. C’est interdire, involontairement dans ce cas et ça compte, le développement normal de l’individu.
A force de l’angoisse du développement (économique), nous restons des enfants.
Mais sexués. Une totale folie…
Le temps c’est sacré. Il n’appartient qu’à Dieu.
Le nier, c’est détruire profondément notre société.
D’une part c’est d’une gravité extrême si l’on ne fait rien. D’autre part, il est tellement facile de contredire cette logique …
Que je sache, il est plus facile de ne rien faire que de courir ? Et bien faisons le. Mais allez demander à un marathonien de ne plus courir…
Faire une pause. Revenir au minimum… Ne plus rien acheter, ne pas faire les soldes, ne pas faire de sport, ne pas manger beaucoup, savoir juste être là, sans rien faire. Sans bruit et sans fureur, calmement.
Exister sans avoir. L’idée n’est pas si nouvelle en plus, mais là, elle va vite devenir vitale.