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Pensée verticale
27 août 2007

Saint Chabrol, délivre nous du mal !

Aujourd'hui, c'est cinéma !

Avec cet étrange film,  un peu mal foutu, en apparence, dont on ne distingue pas immédiatement l'objectif, la teneur et le discours. De ces films aussi à propos desquels on passe une heure,  à la sortie de la salle obscure, à critiquer les défauts, pour s'apercevoir, finalement, que l'on a vraiment aimé, voire même que l'on s'en souviendra, comme d'une référence ... 

coup--e-en-deux Alors point d'éloge trop flatteur, il ne s'agit pas d'un chef d’œuvre, mais plutôt d'un film assez important, pour l'auteur en tout cas. Ce n'est pas si fréquent...    
Avec la fille coupée en deux, tout, vraiment tout est sujet à critiques, à débats,  à discussions. Etrange film dans lequel tout est contestable, parce que peut-être le film fait oeuvre de morale et aussi parce-qu'il est bourré de choix techniques et scénaristiques forts critiquables. Alors, en parler n'est pas facile... Je soupçonne même, les mauvaises critiques reçues par ce film, de n'avoir surtout pas su quoi dire à propos de cet étrange objet. Et peut-être même que la journaleuse d'"Elle" a préféré descendre le film plutôt que de réaliser qu'il s'adresse précisément à ... elle.

Le film présent de nombreux défauts. Il y a par exemple une ou deux scènes parfois un peu mal jouées comme la demande en mariage de Paul à Gabriel. J'ai trouvé qu’on frôlait là le téléfilm vite fait, genre "sous le soleil"...

Et puis, surtout, ce bizarre déroulement du temps. Cette drôle d'impression par exemple, lorsque Magimel dit à  Ludivine que cela fait quand même un an qu'ils se connaissent quand elle lui demande, elle, encore un peu de temps ... Nous, en tant que spectateurs, on croyait que cela faisait trois jours, qu'ils se connaissaient. Peu importe. Ca va à toute vitesse, parce-que chabrol a tellement de chose à nous dire... !

Il y a en premier lieu Magimel, absoluement épatant; j'aime bien cet adjectif, ça fait très France Inter... Et puis, Berléand, est égal à lui-même. Mais, comment dire ... ras le bol de Berléand !!! On le voit partout: d'après, le Masque et la Plume (sur France Inter, tous les dimanche soir, à 20 heures ... mais qui l'ignore ?), il a fait 12 films cette année... Rien que ça ! Et, Ludivine, lumineux ange blond, qui présente la météo, coupée en deux. Mais néanmoins promise à une grande carrière de  présentatrice. Sur le moment, on n’est pas plus emballé que ça par l'actrice... Alors que c'est son personnage qui pose problème. Ludivine Sagnier est en réalité parfaite, qui plus est au sein d'une tripotée d'excellentes actrices (même Mathilda May, tout droit sortie de cure de désintox, n'est pas si mal ...).

Mais, drôle de rôle que cette fille coupée en deux...

Surtout, il y a des dialogues, qui font, outre le sujet du film, tout le film. Des dialogues sur le fil du rasoir, des échanges ou plutôt des affrontements entre personnages qui nous placent au bord du gouffre en permanence. Car, tout cela semblait si léger, si gentil ... alors qu'en réalité, nous assistons à une catastrophe.

Tout est toujours grave, puissant, violent. Sexuel. Car même les anges taillent des pipes quand ils tombent amoureux...

Drôle alors les bravades de Paul/Magimel ? Si vous voulez... Un film coupé entre le drame et la comédie du drame. Alors, au spectateur d'assumer, s'il trouve ça drôle. Moi, je dirai nauséabond.

Et Chabrol décide alors d'opter pour la tragédie.

Mais, de quoi cela parle justement, puisque cela parle si bien. Oh, c'est simple: de sexe et de morale. Charles Saint Denis/Berléand, c'est l'écrivain Charles Denis ... Mais, il a  ajouté un "Saint" entre les deux prénoms;  commercialement efficace. Et, usurpation de sainteté absolue tant l'homme est finalement ... puant.

Et, il le sait: un pervers donc. Un vrai.

Qui sait le cacher. Et capable aussi de protéger les autres de lui-même... et en premier lieu Gabrielle. Mais, une fois; pas deux. Il suffira, la deuxième fois, qu'il la siffle. Pauvre Gabrielle...

Quant à Paul Gaudens, "l'héritier des laboratoires Gaudens", que personne n'appelle Paul d'ailleurs, le parvenu à la personnalité détruite, il n'est finalement pas si détestable, avec ses chemises ouvertes, ses voitures de sport et sa grande bourgeoise de mère nantie de tous les secrets que ces deux là cachent si mal...

Avec, collé à Paul, cette drôle d'ombre derriers lui, ce garde fou ambulant, qui protégera Gabrielle, une fois.

Celle-ci le comprendra d'ailleurs, elle saura vite à quoi s'en tenir avec Paul puisqu'elle lui offrira un jour, en cadeau, un petit ange. Chabrol fait dans la Mystic chrétienne... Ben oui, avec l'âge, on devient philosophe; ou alors, on se tape des gamines. A plusieurs.

Et puis, il y a Gabrielle donc. La fille entre les deux hommes ... bien sûr. Notre époque est décidément une Histoire d'histoires à trois. Gabrielle se laissera convaincre par les partouzes de l'un (n'aurait-il pas fallu, sans voyeurisme aucun, les montrer un peu ces scènes de dépravation ? Plutôt que de tout sous-entendre ... et, ce faisant, finalement, rester dans l'esthétique sage de la comédie... Pourquoi ne pas nous avoir montré l'ange, sali, souillé, dans l'antre du diable... histoire de ne plus nous faire rigoler ?) tout comme par la demande en mariage de l'autre.

Coupée en deux donc. Invivable et d'où la tragédie puisque chaque personnage poussera son destin, qu'il n'ignore pas comme le veut la règle, à bout.

Le film est finalement , en ce sens, d'une ambition extrême: il n'est plus une simple et habituelle critique de la bourgeoisie, car Chabrol en a probablement fini avec ça. Les temps ont changé, et indice de son intelligence, lui avec... Ce n'est pas un Chabrol  classique et pour cela, d'aucun disent aussi qu'il s'agit peut-être de l'un de ses meilleurs films.

Virulent assaut contre les mœurs modernes, les apparences, et la perversité morale, Chabrol croit que même les anges les plus purs, ici Gabrielle, vont se brûler les ailes. Avec le sourire, en prime.

Car, le spectacle continue !

Chabrol est passé là bien au delà du drame et de la sociologie. Il se trouve qu'en plus, il dit ce qu'il pense ! Chabrol juge. Vous notamment ! les filles amoureuses de vos pairs (pères), fraîches et pures... De votre candeur, on s'excitera. De votre sincérité, on se jouera. De votre bonté, on fera un torrent de larmes ... Votre blancheur et votre naïveté est votre force ? Non, c'est votre seule arme, une arme que vous n'avez pas choisi, et qui ne vous servira à rien.

Et le pire, c'est que, comme votre bourreau qui vous aime et que vous aimez, vous en rierez. En pleurant.

Edit:  plus jamais je ne critiquerai les critiques. Mon Dieu que c'est dur de faire  ... un commentaire de film.

Edit 2: faut que j'arrête avec les "...". Y en a partout, c'est gavant ... Non ... ?

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