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Pensée verticale
7 septembre 2007

Eloge des gros tas

Nous sommes dans l'ère du jeu aérien. Vitesse, ergonomie,  athlétisme. Les jeux sont symboliques et les décolletés pigeonnant des escroqueries. Dévoiement.

Jadis,  la chose était beaucoup plus compliquée, plus mystérieuse. Le marketing n'existait pas et les parfums d'ambiance non plus.

Tout commençait par un regroupement informe, un agglomérat bizarre, mal foutu,  suant et puant. A peine distinct de la terre qui l'avait engendré. Le maillot était un sac, pas un préservatif.

Un gros tas... en forme d’œuf. Un gros tas en plein effort.

Soudain ! par miracle et finalement assez rarement,  l'ogive fusait. Rumeur dans la foule, à chaque fois surprise ! Quelque chose de nouveau, de neuf, de jamais vu jusqu'alors, pouvait se développer, grandir, s'étaler  et exploser.

Un drôle d'époque que ce temps où l'on ne voyait pas toujours le ballon. Mais on s'en foutait bien...

L'époque où tout commençait par un gros tas.

Le gros tas n'est plus à la mode. Quand bien même, mademoiselle fait du 44 et plus, la fesse va devoir être ronde, musclée,  ferme.  Photogénique surtout. Pas une fesse, non, mais  LA fesse. L'image de la fesse, au fil des mois,  du calendrier. Pirelli et Stade français, même  banquier.

Les poils ont disparu, le gras du bide de pilar a fondu,  laissant couler dans le caniveau le goût, la sueur et les épices de la terre qui avait tout crée. Fini l'agglomérat des corps aussi, la fusion en un UN des violences et des pulsions ainsi que la créativité qui en découle... qui en coule.

On joue comme on fait l'amour désormais: à corps défendant, à corps séparé; en levrette.    
La caméra impose le diktat des poitrines jeunes, fermes et  à peine ballotantes, des maillots propres et moulants en un spectacle des différences, pures et  individuelles. Comme si le joueur avait de l'importance... Alors que seule l'ogive compte. La cartouche, la munition,  la graine.

L'amour sale n'existe plus;  l'amour puant, visqueux, gras et bruyants...celui des douches obligatoires, de la régénérescence.  Hier, on se léchait, s'avalait, se bouffait ...  De cette sauvagerie, de ce gros tas de chair provenait un miracle de fusion collective et de créativité.  Par l'ovule ou le ballon.

Mais ce soir, les corps vont se défendre. Uniquement se défendre et se défendre en corps... Les voisins vont pouvoir dormir tranquille. Rugby de tarlouzes, de mignons, de métro-sexuels tendance bi... Quoi ? Et cette exception de néandertalien poilu ... Celui qu'on va laisser seul face aux sauvages ? Ce singe que l'on a starisé, mais une fois sa carrière finie... Simple nostalgie. Un gros tas en voie de disparition, une espèce rare à protéger. Parque reste l'instinct qui nous rappelle que les torses nus sont d'un ennui...

J'ai des rêves dégueulasses de gros culs, de hanches énormes, de poitrines grasses et de bouches baveuses... Des rêves d'avant la douche froide imposée par les marchands de l'ovalie, des rêves en noir et blanc. Pas en rose surtout.

Les hommes qui viennent du bitume n'en sont pas.

Seule la terre...

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