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Pensée verticale
22 juin 2009

Même de force !

Dans le canard enchaîné, je lis à propos de la période d’épuration qu’a vécu la France à partir de 1944, la remarque suivante :

« On se vengeait, on se défoulait. Les hommes se reconstituaient une virilité frustrée par l’occupant ».

Voilà qui appelle quelques commentaires, il me semble, à propose disons de ce qu’on appelle la culpabilité.

Pour commencer, j’ai toujours été disons intrigué par ce penchant notamment à gauche, qui consiste à prendre pour critère de lecture de la politique présente, cette période trouble mais a priori révolue de l’Histoire de France. J’ai toujours eu de mal à comprendre comment on peut encore aujourd’hui traiter quelqu’un de collabo, de nazi, de sale juif etc… Pourquoi pas sale chouan aussi !?

On peut voir là un manque de finesse analytique, une réflexion anachronique et grossière voire pourquoi pas une perverse attirance pour la tragédie. Cette période n’est pour moi pas spécialement une référence, pas plus qu’un autre fait historique. Au contraire de mon grand-père qui ne voyait pas qu’un brave chien dans le berger allemand, ou de mon père pour qui les échanges culturels avec l’Allemagne était une « réussite ».

Mais les choses sont ainsi utilisées: beaucoup ont aujourd’hui encore cette période de l’histoire en référence. Peut-être parce que tout d’abord, la période n’est pas aussi révolue que cela… On sait quand l’épuration a commencé, mais quand donc a-t-elle pris fin ? Dix ans plus tard pour certain, mais aussi bien plus tard pour d’autres: par exemple, seulement en 1998, avec le procès Papon, auquel en tant qu’étudiant j’assistais… Autrement dit, nous en sortirions à peine.

Ensuite, la gauche a été mise en accusation à deux reprises durant cette période. En 1940, d’une part et ce par le régime de Vichy (procès de Riom), mais, et ce de façon bien moins connue, en 1944 aussi quand il a fallu épurer. A nouveau. On retiendra en tout cas que de Gaulle s’est attaché toujours à une certaine modération durant cette période délicate, cherchant plus la conciliation qu’un parti communiste particulièrement désireux d’expulser le mal. Les 1500 peines de morts exécutées et les 20 000 femmes « tondues » (dans le meilleur des cas) sont peut-être aussi difficiles à assumer.

La droite, elle, est tranquille; fasciste d’un coté ou au contraire partisane d’une France toute entière résistante, avec l’aide de la propagande de deux clowns particulièrement efficaces, Bourvil et de Funès, le choix était clair et facile. Voilà peut-être pourquoi la gauche n’en a pas toujours bien fini avec tout ça, quand bien même sa responsabilité n’est que toute … théorique.

Toutefois, rien n’est éternel et je ne suis pas sûr que la culpabilité soit toujours un privilège de la gauche. Ce serait un peu facile… C’est pas nous, c’est la IIIème république, les cocos, ou encore même la République de la 1793. Et puis d’abord, il était où votre grand-père en 1940, hum ?

Ah la culpabilité … l’un de moins chrono-dégradable de tous les sentiments.

Ainsi donc, le canard nous dit qu’elle se joue et se développe dans la virilité géographiquement frustrée de certains… Quelle étrange et passionnante idée que celle qui prétend que je deviens violent quand mon membre viril est spacialement menacé !

Quel vieille idée surtout. L’homme est un animal territorial… Sans blague ?

Autrefois, dans l’histoire ancienne, il y a très longtemps... il y avait les occupations du pays de mon voisin. Les mâles, dominants leurs femmes, leurs maisons et leurs villages étaient alors battus, humiliés et contraints à la soumission. Les collabos et les mous, donc. Les autres plus intelligents ou assez peu dominants au départ, rusèrent et résistèrent, pas loin ou très loin… Avec l’énergie de ceux qui ont peu à perdre.

La victoire fut donnée aux résistants finalement. Là se produit un phénomène étrange, loin de l’image de l’acclamation de la troupe libératrice. Heureux d’être gagnant, le résistant si ce n'est le français, parfois décapite, tond et viole un peu … Il faut bien marquer son territoire, à nouveau, comme toujours.

Ce qui est intéressant dans cette analyse biologique de la politique et de l’Histoire, c’est qu’on ne voit aucune raison pour que ce processus social s’arrête. Au Blanc-mesnil, c’est aussi la frustration territoriale qui tue. Et je vois aussi dans nos vaillants producteurs de lait (mais est-ce encore du lait ?), des hommes bien peu sûrs de leur virilité et de leur domination sur leurs champs bourrés d’engrais.

Sans terres, l’homme n’en est pas un.

Mais plus largement, sans violence ni haine, en oubliant ce phénomène de prise et de reprise de territoire, dans le couple amoureux violent comme à Gaza, que ce passe-t-il quand, chaque jour, parce que nous sommes plus nombreux, nos territoires respectifs se réduisent comme peau de chagrin ?

Je ne suis pas loin de penser que l’activité sexuelle que je crois croissante aujourd'hui, consentie ou non, est la conséquence de la menace permanente et chaque jour accrue qui pèse sur notre territoire.

Quand ma maison est menacée, au moins, je veux des femmes !

Même de force.

Cela diminue notre culpabilité de looser hier, de nuisibles aujourd’hui.

Ps : le christianisme a eu cette intelligence de ne pas vouloir juger l’homme, mais l’acte, ce qui a pu l’autoriser à protéger parfois de grands collaborateurs devant l’éternel. C’était une belle idée… En finir avec la culpabilité de l’être dominé. Mais bon, on s’en fout du christianisme.

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Commentaires
A
Vous avez raison, sur un point: ne confondons pas résistant et français. Je fais moi meme l'erreur et c'est précisemment ce qui ne nous intéresse pas. La résistance et l'usage qu'on en a fait n'est pas le sujet. Pour comprendre cela, allons lire Robert PAXTON, par exemple.<br /> <br /> Le sujet est la relation entre la virilité masculine et la terre (au sens de boue). <br /> <br /> Un détail pour commencer: sur ce blog, les articles sont très connectés... Le petit clip de Lily Allen est une exellente illustration de ce dont on parle, et un magnifique doigt d'honneur fait au machisme terrien. En passant...<br /> <br /> Se battre pour sa terre, donc. Quoi de plus noble, à ce qu'on dit... !<br /> Comme un résistant ou le Kuh Klux Klan... <br /> Sa terre on l'aime (ou on la quitte?), et quand on la perd, on tue. Après la guerre pour les laches, ou pendant pour les rapides et les légalistes (on n'a pas le droit de tuer en temps de paix). La légitime défense... <br /> <br /> Le problème, c'est une fois qu'on a tué (pendant) ou tondu (après), que fait t on ?<br /> <br /> Bah a priori, on se sent coupable. Même votre grand-père, ce héros, a eu de la haine, a lutté contre, a tenté le pardon finalement (désolé pour le terme chrétien...mais, c'est fait exprès).<br /> <br /> Je ne vois qu'une issue, intellectuelle en tout cas:<br /> <br /> - considérer qu'il n'y pas de mal externe, mais uniquement interne. Pas de bosches, de collabos, de femmes infidèles... Le mal vu comme un monopole appartenant uniquement aux autres, c'est un peu trop facile. IL y a seulement une ou plusieurs personnes dans l'erreur. Les classes, les groupes et les partis sont là pour deux choses: nous faire prendre les armes, et nous faire voter. Mais, que je sache, ils n'existent pas. Donc, rayons les !<br /> <br /> Le mal interne, c'est votre péché chrétien qui vous semble si mauvais... Si l'on y croit pas, je ne vois pas comment on peut éviter d'haïr ou l'étranger ou le pauvre ou le criminel. L'autre quoi. Non, le mal il est en nous... On peut à peu près tous tuer.<br /> <br /> - considérer qu'il n'y a pas d'hommes mauvais mais uniquement des actes mauvais. On devra condamner l'acte, pardonner l'homme.<br /> <br /> C'est peut - être catho donc pas à la mode, mais je n'ai jamais cru dans d'autres solutions, si l'on a pour but, disons le progrès.<br /> <br /> Et à la fin de mon texte, je faisais allusion à ce petit souci que nous avons: l'inflation démographique. SI nous devons habiter dans des tours, comment allons nous défendre une terre que nous n'avons pas ? Là, la bible a peut-être un léger souci...<br /> <br /> Notre terre ne peut plus être défendue, elle a bien trop d'ennemis ! Allons bon, voilà qui est nouveau !<br /> Elle doit seulement être libérée de celui qui la détient, l'exploite et la détruit, de nous donc. Alors, je sais bien, la collectivisation des terres ça ne marche pas... Et je n'ai aucune solution.<br /> <br /> Ps: pour s'amuser je conseille ça:<br /> La théorie du 1%, de F. H. Fajardie, 1981. Roman policier écrit par un gaucho, un vrai et conseillé à l'époque à la fois par libé, télérama, et le canard... Lisez. Ca donne envie de passer ses vacances... en ville.<br /> <br /> Ah la campagne ! Ce beau pays qu'est la France...<br /> C'est quand l'ouverture de la chasse déjà ? Plus que deux mois à tenir !!! Hum... la bonne odeur de boue du mois de septembre...je, je ... je crois que j'ai une érection !!!
U
Petite-fille de résistant-déporté, ton article m'interpelle.<br /> <br /> De part mon éducation, je n'avais pas vu cette période de l'histoire comme tu nous la présentes.<br /> Tout d'abord peut-être parce que mon grand-père, bien que gaucho de part son statut d'ouvrier, n'est pas entré dans la résistance communiste, mais a suivi l'appel de De Gaulle.<br /> Ensuite parce que, de part ses récits, j'ai été abreuvée d'une image peut-être réductrice : ceux qui en 1945 réclamaient le plus vengeance n'étaient pas d'après lui les vrais résistants actifs, mais les français qui avaient passés 6 ans à subir sans se soulever un cil contre l'oppression.<br /> Qui plus est, bien qu'étant particulièrement hostile au peuple germanique de par son douloureux vécu (il a toujours dit à ma mère "ramène-moi qui tu veux sauf un Bosche !!!"), il a toujours fait en sorte de combattre cette haine qui l'étranglait. Il a d'abord lutté contre ses propres préjugés.<br /> Il a par exemple organisé des voyages d'échanges culturels entre jeunes allemands et jeunes français, il a témoigné de son vécu dans des collèges et lycée avec toujours comme discours principal "Les allemands étaient aveugles, mais ils souffraient aussi, tentons maintenant d'oublier nos rancœurs et avançons pour un avenir commun pour que vous n'ayez pas à vivre ce que nous avons vécus, nous les anciens."<br /> Il n'a jamais jeté la pierre contre les filles qui s'étaient tapées des allemands, trouvant qu'en période trouble, chacun survit et réagi comme il le peut. D'ailleurs, il a toujours clamé haut et fort que certes il était devenu résistant, qu'il s'était retrouvé au final dans le bon camp, mais que si les circonstances avaient été différentes pour lui, il aurait tout aussi bien ou devenir un collabo.<br /> <br /> Pour moi non, le résistant ne viole pas et ne décapite pas.<br /> Il a combattu avec les armes qu'il trouvait, mais comment dire.... ? Disons que c'était de bonne guerre "tu occupes mon pays, je vais te montrer que je ne suis pas d'accord."<br /> Mais une fois la libération établie, le résistant a fait en sorte de ne pas se laisser submerger par sa haine de l'autre.<br /> Les plus énervés étaient par contre ceux qui n'avaient rien fait.<br /> <br /> Ce que tu dis aussi sur le christianisme me fait grincer les dents...<br /> Car tout dans cette doctrine n'est que culpabilisme : on naît par le pécher, nous sommes coupables d'être.
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