Les filles de Sarkozy

Tous les matins, sur ma route, je croise Pénélope, Constance et  Emeline.

La première, benjamine des trois soeurs, a 17ans et  vient d'annoncer à maman qu'elle n'a eu que la mention bien à son bac L...  Une rebelle. Constance, 21 ans, bosse comme une folle pour sa deuxième année préparatoire à HEC.  Il est vrai que le monde réel, tout d'un coup, l'a surprise un peu... Il ne s'agirait pas qu'elle n'ai qu'une vulgaire ESC, ce qui serait, pour tout le monde, très décevant. Son père lui colle un pression énorme, n'ayant peur d'aucun chantage affectif. Elle en chiale, le soir. La troisième, l'aînée, vient de débarquer de Boston. Avocate et mariée à un anglais, elle vient passer une petite semaine en famille. Elle a pour rôle de seconder son père et avec les deux dernières, il y a du travail... Vivre dans la soie ne prédispose pas à l'effort et elle le sait.    

La réussite, dans la famille, c'est sacré.    
Neuilly-sur -Seine.

Elles ont, toutes les trois, comme maman, de beaux yeux bleus clairs de dauphines capétiennes, les mêmes jeans serrés que maman, elles font toutes les quatre la même taille, et maman leur a donné une magnifique chevelure noire qu'elles  attachent avec un naturel extraordinairement subtil et travaillé.

J'adore.

Neuilly, c'est mon idéal, mon désir d'avenir à moi et presque, oui, un objet libidineux.

J'estime d'ailleurs que l'on s'intéresse beaucoup trop à nos cités sensibles et autres ZUP et pas assez  aux ghettos  friqués. A force, on finira par aimer le Rap... Nos sociologues de gauche, pardon mais  la facilité me fait encourir parfois le risque du pléonasme, devraient se pencher sur la question.  Je suis sûr qu'un siècle de  structuralisme marxisant  a formé  d'excellent étudiants pour ce faire.

Revenons donc à ce constat que j'osais formuler sur ce blog, il y a de cela quelques articles, celui de l'eugénisme économique. Les ghettos friqués favoriseraient la sélection naturelle du gène, transformant notre Wisteria Lane à nous, en usine chinoise à très belle-filles...    
Une sorte de capitalisme génétique si l'on veut.

Nan, parce-que, sans déconner et surtout pour le fils de quasi paysan que je suis, y-a que des bombes à Neuilly !

Là j'aurai bien tenté le jeu de mots foireux, mais comme ça n'a rien à voir, on va éviter...hum ? Si ?    
Après "human bomb", les bombes tout court...

Alors, d'aucun s'offusqueront:

- "Salaud de riches" hurlera-t-on ! Pas beaucoup plus intelligent que "salauds de pauvres", dont l'ironie relevait l'analyse à un niveau presque acceptable.

- Ensuite, l'un de vous me disait aussi, "il y aura heureusement toujours des jolies filles accessibles". Sympa ... si j'étais une fille (et j'adorerai ça), que l'on me traite "d'accessible" me vexerait au plus haut point. Et puis surtout, il convient de savoir qui exactement émet ce ... relativisme. Car précisement tout est est relatif et tout dépend de qui parle. Ainsi, pour une "casquette" de banlieue, pour le "Yo-man" enfin le "z'yva" quoi... la question est plus de savoir s'il y a seulement des filles accesibles ... jolies ou pas. Blanche, déjà ce serait top ... Mais, là, faut pas déconner. Quoique que, des couples mixtes, dans Paris (et la précision compte), c'est fréquent... L'avantage est que cela fait de jolis bébés... Mais, je digresse.

- "Tu caricatures ! " Ca c'est plus intéressant déjà. Opposer Neuilly à Bobigny est ridicule, et la vraie France, la France de nos belles provinces n'est pas comme ça. En premier lieu, en quoi 10 kilomètres sont ridicules ? J'ai bien le droit de comparer deux villes, géographiquement très proches non ...    
Et puis surtout, je crois que la France moyenne, importante en volume, ne compte pas vraiment au sens ou elle n'est pas un modèle. Dans les calmes cités pavillonnaires d'Orléans, de Tarbes ou d'Annecy, je ne suis pas sûr que les mamans ne sont pas secrêtement folles d'espoir et d'envie à l'idée de voir leur fille effectuer un stage à Neuilly (c'est une image).      
Il y a Brest...et puis Neuilly; la fac...et HEC.      
Neuilly serait donc notre pôle à nous, Français.

Tout ça pour essayer de comprendre que Neuilly est un phénomène. Un phénomène social bien plus remarquable que La Rochelle, Colmar ou Bourges. Ce qui m'intrigue et me pose problème, c'est le fait que justement, tout cela pose problème à certains. Le Neuilly de Sarko serait scandaleux d'opulence et de vie facile quand le reste de la France rame pour remplir le caddie, le samedi après midi, dans des hypermarchés géants...    
C'est à dire ?

Pour ma part, quand je dis que Neuilly est mon idéal, même si ça manque un peu de bars quand même, je le pense vraiment !    
Mais nous avons comme un sentiment d'étrangeté par rapport au phénomène Neuilly, d'incohérence...      
Précisément: une incohérence par rapport à quoi ? A notre ... modèle ?

Comment, en clair, une république libérale mais aussi égalitaire et surtout jacobine, peut - elle tolérer l'existence d'un pôle qui caricature les hiérarchies, d'un pôle qui n'est pas un centre et peut-etre aussi d'un pôle sur lequel l'action publique n'a pas de prise....(Taxer Neuilly ? Je voudrais bien voire ça !).